Mobilité : s’expatrier en vaut-il toujours le coup ?
S’expatrier rime souvent avec opportunité, une occasion unique de vivre une expérience à l’étranger pour quelques années ou plus. Ascenseur professionnel pour les uns, départ à l’aventure pour les autres, la mobilité internationale n’est cependant pas toujours un bon calcul pour tous les expatriés. Parfois, elle peut même virer au cauchemar et entraîner un échec, pour le salarié comme pour son entreprise. Alors, faut-il (vraiment) s’expatrier ?… ?
S’expatrier, une opportunité ?
La mobilité fait partie des moyens de promotion d’un collaborateur dans les entreprises internationales. Il peut ainsi faire évoluer sa carrière et développer de nouvelles compétences dans un contexte multiculturel, ce qui est profitable à terme pour l’entreprise. Perfectionner une langue étrangère, découvrir une nouvelle culture, gagner en responsabilités sont des points toujours présentés de façon positive, mais la réalité est souvent bien plus complexe.
De nombreux salariés se sentent en réalité obligés d’accepter une expatriation pour respecter la clause de mobilité de leur contrat. Ils mettent de côté certaines contraintes d’ordre personnel pour tenir leur engagement, ce qui est d’emblée un mauvais départ pour s’expatrier. Les obligations privées, un mauvais timing professionnel ou tout simplement le manque d’intérêt pour le projet sont occultés, et les difficultés qui y sont liées ressurgissent immanquablement à destination, souvent de façon amplifiée.
Le dialogue avec votre employeur est essentiel afin de ne pas subir l’expatriation. Vous devez savoir pourquoi vous partez tant sur le plan privé que professionnel, et aussi soulever les points de discussion ou d’appréhension. Par exemple, un salaire et des avantages adaptés à la vie locale ou un accompagnement de la famille répondent à certaines craintes, mais est-ce suffisant pour vous pour constituer une opportunité ? ?
L’expatriation, un bouleversement familial
La famille est en effet primordiale. Plus des deux tiers des expatriés sont en couple, et la moitié part avec au moins un enfant. S’expatrier bouleverse donc l’équilibre familial. Le conjoint (bien souvent madame) met sa carrière entre parenthèses, avec une sensation d’isolement accrue et la difficulté de retrouver un emploi dans le pays d’accueil et au retour. Que faire quand les enfants ont des besoins spécifiques (suivi médical, difficultés d’apprentissage…) ? Qu’on laisse des parents âgés ou malades derrière soi ? S’expatrier demande donc réflexion.
A l’inverse, certaines familles idéalisent l’expatriation : culture, gastronomie (essentielle pour les Français ?), niveau de vie… Le réveil peut s’avérer difficile. Un expatrié passerait par 4 phases : la lune de miel, le choc culturel, l’adaptation (ou l’échec) et la maturité. Certains n’en vivent que 2, en 3 mois… ou en 3 ans ! S’immerger dans une culture ne veut donc pas dire s’intégrer. Un expatrié doit combattre ses a priori, mais aussi accepter que la distance culturelle est parfois trop grande pour être surmontée.
Dans ce contexte, il faut peser les pour et les contre d’une expatriation, et communiquer avant de prendre une décision en famille. Partir lorsqu’il y a plus d’inconvénients que d’avantages pourrait s’avérer traumatisant pour chacun et conduire à un échec.
Alors, s’expatrier ou pas ?
Une expatriation est enrichissante si elle est bien préparée. Il faut anticiper les différences culturelles (mentalités, management, mode de vie…) et accepter que c’est parfois difficile. Une formation interculturelle pour toute la famille peut répondre à vos besoins. Un package d’expatriation approprié facilite également l’intégration : accompagnement du conjoint, prise en charge de la scolarité, formation linguistique… A vous de définir ce qui vaut le coup.
Cependant, vous devez bien vous connaître et considérer les besoins de votre famille avant de prendre une décision, car s’expatrier n’est jamais la solution à un problème. On peut se découvrir sous un nouveau jour en expatriation, mais pas se trouver. C’est une décision très personnelle qui n’a pas qu’une seule réponse. Soyez lucide, ne surestimez pas la capacité d’adaptation de chaque membre de la famille, et surtout communiquez !
Une expatriation est un challenge, mais ne pas le relever n’est pas synonyme d’échec. Accepter que ce n’est pas le bon moment, que la destination ne convient pas à votre situation familiale ou vos aspirations, demande beaucoup de maturité. Si vous pensez que ça ne vaut pas le coup de vous expatrier, expliquez clairement les raisons de votre refus à votre employeur. Ce n’est peut-être que partie remise ?.
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Mari-Liis Garcia
Expatriée à Paris, passionnée par la communication interculturelle et les langues étrangères.